La Sibérie peut évoquer la désolation, des températures inhumaines, des éleveurs nomades en perdition ou encore les camps du Goulag. Voici une sélection des livres que nous avons aimés et qui, peut-être, vous donneront envie de partir arpenter la taïga !

  • Colin THUBRON – En Sibérie

Littérature Sibérie colin thurbronColin THUBRON, aventurier-écrivain, part à la rencontre de l’âme de la Sibérie, du grand vide et du grand froid. En Sibérie raconte son périple de 6 mois à la fin des années 90, à la rencontre des habitants, de la nature et de l’Histoire.
Il traverse la Sibérie d’Ouest en Est, de Iekaterinbourg, lieu du martyre de la famille du tsar, jusqu’à Magadan au bord du Pacifique.
La Sibérie est grande, immense, gigantesque même; et il voyage en avion, bus, bateau ou train par la ligne ferroviaire Baïkal-Amour.
Les paysages ne sont pas le point fort de ce livre, l’essentiel réside dans la richesse des rencontres qui jalonnent le parcours. Car la politique russe déçoit, et le texte expose tour à tour la rudesse des conditions de vie et des personnages qui, désœuvrés, se tournent vers la religion. Parce que les villes sont rarement belles, souvent polluées, délabrées, il se dégage une impression de décadence et d’abandon.

En Sibérie est un livre passionnant, riche et instructif qui dresse un portrait émouvant d’une nation dévastée, où ne semblent survivre que des rescapés. Mais… « Ce n’est pas la nature qui a fait de la Sibérie un enfer, c’est l’homme ! ».  On y apprend beaucoup sur ce territoire mal connu. A chaque chapitre, l’auteur intègre un bref rappel historique. Nouvelle ville, nouvelles rencontres. A travers celles-ci, on devine l’état d’esprit des Russes de Sibérie, quand ils se sont retrouvés livrés à eux-mêmes, à la chute du communisme.

  • Youri RYTKHEOU – L’Etrangère aux yeux bleus

Littérature Sibérie youri rytkheouC’est en juin 1947, qu’Anna Odintsava, jeune ethnographe russe, se rend à Ouelen, village de Sibérie au bord du Détroit de Béring, avec l’ambition de rédiger une thèse sur le peuple tchouktche. Banquise, neige, hummocks et arêtes de glace : le décor est planté ! Prête à tout pour connaître les Tchouktches, elle épouse Tanat, le premier homme qu’elle a rencontré, et part vivre avec lui au sein de sa tribu dans la toundra.

On découvre dans ce roman ethnographique la vie rude et décalée d’un peuple nomade éleveur de rennes : tannage des peaux, cuisine, protection contre le froid, chamanisme, musique… C’est avec grand plaisir que l’on s’imprègne de toute la richesse de cette culture préservée. Mais on assiste également à la montée de la menace communiste sur ce mode de vie nomade. Un sujet de réflexion sur l’autorité stalinienne qui tente d’imposer un modèle économique de collectivisation ainsi qu’une pensée unique écrasant ainsi les anciennes cultures. A noter que Youri Rykyheou est lui-même issu de ce peuple nomade Tchouktche.

  • Joseph Martin BAUER – Aussi loin que mes pas me portent

Littérature Sibérie bauerVoici l’histoire incroyable d’un soldat allemand qui a captivé le romancier allemand Joseph Martin Bauer. Ni une ni deux, ce dernier a décidé de la relater. C’est à la fin de la seconde guerre mondiale que Clemens Forell, un prisonnier allemand, est envoyé par le train, puis en traîneau à chiens, à travers la Sibérie. Il se trouvera condamné à travailler 25 ans dans une mine de plomb au Cap Dejnev, près du Détroit de Béring. Après trois longues années à vivre sous terre, il s’évadera de ce lieu hostile. Pas moins de trois ans et deux mois de fuite, 14 000 kilomètres ! Aidé par des orpailleurs criminels et des éleveurs de rennes, il atteindra finalement la frontière iranienne.

Un roman dur sur un sujet qui ne l’est pas moins. On reste sans voix devant tant de souffrance et de courage. Si la description des conditions de vie dans ce goulag n’étonnera aucun des lecteurs d’aventures similaires,le récit de l’évasion est tout à fait passionnant. Parviendra-t-il à rester libre ? A ne pas mourir de faim ou de froid ? A atteindre la frontière pour rejoindre celle qu’il aime en Allemagne ? Une grande épopée qui conduit son héros à la liberté.

  • Zijian CHI – Le dernier quartier de Lune

Le_dernier_quartier_de_luneCe roman nous fait voyager aux côtés de l’ethnie des Evenks, rassemblée le long du fleuve Argoun à la frontière avec l’extrême nord de la Chine, au fin fond de la Sibérie.

C’est à travers la voix d’une Evenk de 90 ans que le mode de vie traditionnel de ce peuple nous est conté. Elle revient sur ses souvenirs d’enfance, les coutumes, les rites chamaniques, l’élevage des rennes, le dressage d’un vautour…

Le point de départ du récit se situe à l’époque de la République de Chine dans les années 30. Des événements liés à l’histoire de la Chine, de la Russie et du Japon peuvent aider à se situer chronologiquement.
Cette femme (dont on ne connaîtra jamais le nom) nous livre son histoire, à travers trois générations…

Ici, la nature est au centre des préoccupations : on vit avec elle,  et grâce à elle. On la comprend et on la respecte. Le peuple nomade Evenk vit au jour le jour et doit affronter les aléas de la vie… On y retrouve les problématiques actuelles des peuples nomades : faut-il se soumettre à la sédentarité et abandonner ses traditions ? Une lecture passionnante et riche au rythme de Dame nature… Si c’est de l’action que vous cherchez, passez votre chemin.

  • Sylvain TESSON – Dans les forêts de Sibérie

Sylvain TESSON décide de se retirer seul, 6 mois dans une isba en bois sur les bords du lac Baïkal.
Froid glacial de la taïga sibérienne, chaleur d’un poêle, forêt, neige, lac, glace, ours… Avec l’aide de livres et de stocks conséquents de vodka, il arrive au terme de ces 6 mois de retraite. Subjugué par la beauté de la nature, il est convaincu qu’elle suffit au bonheur.

Si certains passages relatant ses lectures peuvent lasser, Tesson reste un écrivain du ressenti et de la perception. J’ai également beaucoup aimé le film de Safy Nebbou, adapté librement du livre, avec l’accord de TESSON. On y découvre de splendides paysages et une très bonne BO signée Ibrahim Maalouf qui donne corps à ce film. Si vous trouvez la qualité des images un peu décevante, je ne peux que vous conseiller d’aller voir ce lac de vos propres yeux !
Dépaysement garanti !

  • Sylvain TESSON – L’axe du loup

51rH+yQPaqL._SX313_BO1,204,203,200_A Marche forcée de Slavomir Rawicz : voilà le point de départ et fil conducteur de cette aventure.
Sylvain TESSON a refait ce long voyage de plus de 6000 km, de Iakoutsk en Sibérie jusqu’en Inde; un parcours qu’effectuaient à l’époque les évadés du Goulag.
Sylvain Tesson quitte Paris en train avant de monter à bord du Transsibérien. Il continue à pied, à cheval et en vélo. Il passe par la taïga, le lac Baïkal, la forêt sibérienne, la steppe mongole, le désert de Gobi et la chaîne himalayenne pour arriver à Calcutta, comme l’avait fait avant lui Slavomir Rawicz.
Si l’exploit sportif est bien là, Sylvain Tesson profite aussi complètement de la beauté de la nature qui l’entoure. Et, contrairement aux évadés, il peut se montrer au grand jour et découvre l’hospitalité légendaire des Russes. Bien sûr, il faut aimer la vodka et accepter d’en boire de grandes quantités et à n’importe quel moment de la journée.

Ce livre est un très bel hommage aux évadés qui ont fui un régime totalitaire et ont marché au péril de leur vie avec un seul objectif : la liberté. Huit mois de souffrances pour un périple extraordinaire où l’auteur nous révèle une nature grandiose. Sylvain Tesson est un vrai aventurier du monde moderne. Il nous entraîne derrière lui dans un livre magnifique qui se dévore à toute vitesse.

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