Si la littérature autochtone vous intéresse, alors pourquoi ne pas découvrir celle des auteur(e)s innu(e)s ? Les Innus, également baptisés Ilnus, sont membres des Premières Nations et originaires de l’est de la péninsule du Québec-Labrador. Comme chez de nombreux autres peuples autochtones, l’art constitue une part essentielle de leur culture. Si la musique est omniprésente, la littérature l’est aussi. Naomi Fontaine, An Antane Kapesh, Natasha Kanapé Fontaine ou encore Joséphine Bacon… les écrivaines et écrivains innus sont nombreux à avoir retranscrit sur papier leur Histoire, leurs souffrances et leurs combats. On vous propose de découvrir le top des auteur(e)s de littérature innue ainsi que leur roman incontournable.
J. D. Kurtness
Née en 1981, d’une mère québécoise et d’un père innu de Mashteuiatsh, J. D. Kurtness publie son premier roman « De vengeance » en 2017. Et les critiques positives sont très vite au rendez-vous. Le livre reçoit d’ailleurs plusieurs distinctions, dont le prix coup de cœur des amis du polar en 2018.
Son second ouvrage « Aquariums » permet à l’auteure d’asseoir sa notoriété. Le livre est d’ailleurs finaliste aux Prix Voix autochtones dans la catégorie Livre prééminent en prose 2020.

« Aquariums » de J. D. Kurtness – Editions L’Instant Même
Résumé de l’éditeur : Dans un avenir qui nous est proche, une jeune biologiste québécoise fait sa marque en parvenant à recréer, et donc sauver, des écosystèmes marins. Cette reconnaissance du milieu scientifique lui vaut d’être invitée à participer à une expédition dans l’Arctique, en compagnie de collègues du monde entier. Pendant leur absence, l’humanité est presque éliminée par un virus. Isolés en pleine mer, les exilés vivent ces événements avec un détachement bien involontaire, racontés par une narratrice attachante au regard lucide. De son enfance à son voyage, entre la grande Histoire et celle, plus modeste, de sa famille, elle nous raconte la vie, sous toutes ses formes.
Sortie en France le 5 mars 2021 aux éditions Moutons Electriques.
Naomi Fontaine
Comment parler du peuple innu sans évoquer Naomi Fontaine ? Auteure aujourd’hui connue bien au-delà des frontières québécoises, Naomi Fontaine a véritablement touché de nombreux lecteurs grâce à son premier roman intitulé « Kuessipan ». Cette œuvre très forte de la littérature innue rend hommage aux femmes indiennes, et notamment à celles de la réserve innue de Uashat, dont est originaire l’écrivaine. Preuve de sa renommée, le livre a librement inspiré un film attendu dans les salles françaises en janvier 2021. Depuis la publication de « Kuessipan », deux autres ouvrages ont vu le jour, à savoir « Manikanetish » en 2017 puis « Shuni » en 2019.

« Kuessipan » de Naomi Fontaine – Editions Mémoire d’encrier
Résumé de l’éditeur : J’aimerais que vous la connaissiez, la fille au ventre rond.
Celle qui élèvera seule ses enfants. Qui criera après son copain qui l’aura trompée. Qui pleurera seule dans son salon, qui changera des couches toute sa vie. Qui cherchera à travailler à l’âge de trente ans, qui finira son secondaire à trente-cinq, qui commencera à vivre trop tard, qui mourra trop tôt, complètement épuisée et insatisfaite. Bien sûr que j’ai menti, que j’ai mis un voile blanc sur ce qui est sale.
Un récit sans concession. L’extrême humilité d’une réserve amérindienne. Des vies échouées au large d’une baie. La grandeur d’un peuple oublié. La condition humaine. Et une prose lumineuse.
An Antane Kapesh
Auteure incontournable de la littérature innue, An Antane Kapesh est née en 1926 dans le Grand Nord. Sa vie bascule en 1953 lorsque le gouvernement déracine sa famille de ses terres. Dès lors, un long combat s’engage pour la préservation des territoires, de la culture et de la langue des Innus.
C’est en 1976 qu’An Antane Kapesh publie son premier essai autobiographique « Je suis une maudite Sauvagesse / Eukuan nin matshi-manitu innushueu ». Dans ce livre, l’écrivaine revient sur sa vie et sa pensée sur l’histoire des Innus. Puis, trois ans plus tard, paraîtra « Qu’as-tu fait de mon pays? / Tante nana etutamin nitassi ».
Décédée à Sept-Îles en 2004, An Antane Kapesh est devenue une source d’inspiration pour de nombreux auteurs autochtones. Elle est aujourd’hui considérée comme la gardienne de la pensée innue.

« Je suis une Maudite Sauvagesse » de An Antane Kapesh – Editions Mémoire d’encrier
Résumé de l’éditeur : Avec « Je suis une Maudite Sauvagesse », An Antane Kapesh signe un réquisitoire accablant contre les Blancs : « Quand le Blanc a voulu exploiter et détruire notre territoire, il n’a demandé de permission à personne, il n’a pas demandé aux Indiens s’ils étaient d’accord. »
Ce grand classique de la littérature innue a été réédité en 2020 aux éditions Mémoire d’Encrier. L’œuvre est préfacée par Naomi Fontaine.
Maya Cousineau Mollen
Auteure et poète innue, Maya Cousineau Mollen est aussi connue comme activiste et militante engagée auprès des femmes autochtones et celle de son peuple innu. C’est en 2019 qu’elle publie son premier recueil de poésie. Intitulé « Bréviaire du matricule 082 », ce livre évoque la femme, la colère identitaire, le corps de la femme innue, l’amour des amants et la colonisation. Cet ouvrage n’a pas mis longtemps à séduire la critique. « Bréviaire du matricule 082 » a notamment reçu le Prix Voix autochtones 2020.

« Bréviaire du matricule 082 » de Maya Cousineau Mollen – Éditions Hannenorak
Résumé de l’éditeur : Dans Bréviaire du matricule 082, la poète Maya Cousineau Mollen explore les multiples chemins de la colère, qu’elle soit territoriale, identitaire ou entourant la notion de féminité.
Elle considère ce premier recueil comme une façon de traverser « les lieux périlleux » de la colère, une émotion qui, une fois domptée, permet à la voix poétique de s’élever.
Michel Jean
Écrivain et journaliste à Montréal, Michel Jean est issu de la communauté innue de Mashteuiatsh. À travers son roman « Kukum », l’auteur relate la sédentarisation forcée des Innus à travers l’histoire singulière de son arrière-grand-mère.

« Kukum » de Michel Jean – Editions Dépaysage
Résumé de l’éditeur : Au soir de sa vie, grand-mère (kukum, en langue innue) depuis longtemps déjà, Almanda Siméon se retourne sur son passé et nous livre son histoire, celle d’une orpheline québécoise qui tombe amoureuse d’un jeune Amérindien puis partage la vie des Innus de Pekuakami (l’immense lac Saint-Jean), apprenant l’existence nomade et brisant les barrières imposées aux femmes autochtones. Centré sur le destin singulier d’une femme éprise de liberté, ce roman relate, sur un ton intimiste, la fin du mode de vie traditionnel des peuples nomades du nord-est de l’Amérique et les conséquences, encore actuelles, de la sédentarisation forcée.
Natasha Kanapé Fontaine
Voilà une autre poète et écrivaine phare de la littérature innue. Née en 1991, Natasha Kanapé Fontaine est originaire de Pessamit sur la Côte-Nord. Poète-interprète, comédienne, artiste en arts visuels et militante pour les droits autochtones et environnementaux, Natasha Kanapé Fontaine vit aujourd’hui à Montréal.
C’est en 2012 qu’elle publie son premier recueil de poèmes, intitulé « N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures ». Elle y relate ses premiers questionnements identitaires. Suivront « Manifeste Assi », deux ans plus tard, puis l’incontournable « Bleuets et abricots » en 2016. Ce livre porte véritablement «le discours de la femme indigène qui revient à la vie pour renverser l’histoire».

« Bleuets et abricots » de Natasha Kanapé Fontaine – Editions Mémoire d’encrier
Résumé de l’éditeur : Un cri s’élève en moi qui me transfigure. Le monde attend que la femme revienne au monde comme elle est née telle qu’elle est: femme naissance, femme droite, femme debout, femme puissante. Femme résurgence. Renaissance. Un appel s’élève en moi et j’ai décidé de lui dire oui. Dire oui à ma naissance. Assumer en mon esprit les mémoires qui émergent en même temps que la voix des femmes autochtones se dressent au-dessus de la noirceur ambiante. Les mémoires des blessures, les mémoires de la terre, les mémoires du peuple et de ses générations précédentes. Le choc de la dépossession. Prendre la parole chacune notre tour et soulager peu à peu le fardeau de l’oppression.
Joséphine Bacon
Poétesse, parolière et réalisatrice innue originaire de Pessamit, Joséphine Bacon est elle aussi considérée comme une auteure incontournable de la littérature innue au Québec.
C’est en 2009 qu’elle publie chez Mémoire d’encrier son premier recueil de poésie intitulé « Bâtons à message » / « Tshissinuatshitakana ». En 2013, sort « Un thé dans la toundra » / « Nipishapui nete mushuat », finaliste au Prix du Gouverneur général et finaliste au Grand Prix du livre de Montréal.
Plus récemment, son livre « Uies » / « Quelque part » a reçu le Prix des libraires 2019.

« Un thé dans la toundra » de Joséphine Bacon – Editions Mémoire d’encrier
Résumé de l’éditeur : Avec Joséphine Bacon, commence une nouvelle histoire de la poésie québécoise. Voix de la sagesse et de l’histoire innue, elle défriche de nouveaux territoires et fait résonner la voix des aînés, enseignant ainsi les valeurs, les mythes et les croyances des peuples des Premières Nations. Cet ouvrage est une bouffée de fraîcheur.
Joséphine Bacon, nomade de la toundra, nous fait parcourir, à la lumière du poème, des territoires inconnus. Gaston Miron, Saint-Denys Garneau et Paul Chamberland ont nommé Terre Québec ; Joséphine Bacon élargit le pays en nous initiant à la toundra et aux douces chansons de l’infini. L’horizon est offert avec tant de grâce et de naturel que nous lui sommes à jamais redevables de nous rappeler à l’essentiel : beauté, simplicité et volupté.
Marie-Andrée Gill
Écrivaine et poète originaire de Mashteuiatsh, Marie-Andrée Gill compte déjà trois ouvrages à son actif. Après « Béante » en 2012 puis « Frayer » en 2015, l’auteure est très vite devenue une figure incontournable de la poésie autochtone québécoise contemporaine grâce à « Chauffer le dehors ». Avec son style, elle partage une vision décomplexée de la réalité.

« Chauffer le dehors » de Marie-Andrée Gill – Editions La Peuplade
Résumé de l’éditeur : Elle souhaiterait faire encore partie du décor, s’inscrire dans l’ordinaire de chaque jour avec lui, trouver un remède aux morsures de sa douceur. Elle a peur de le croiser au dépanneur du village et que leurs corps provoquent une perpétuelle dernière fois. Dans sa tête, une question joue en boucle : comment se retrouver dans l’étendue de la fin ? Le dehors est posé comme seule réponse au-dedans à broil. Pendant que la tempête gronde et que le temps panse lentement la déchirure, la voix de la forêt et des saisons donne à entendre quelque chose comme un début d’apaisement et de gratitude. Le cœur ouvert aux souffles des bélugas et des ski-doos, Marie-Andrée Gill se réfugie dans l’écriture pour accepter l’impossibilité de l’amour, pour exister quelque part, dans le rappel des moments fous.
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