Pour en apprendre davantage sur la culture et les traditions inuites, découvrez le top des auteur(e)s de la littérature inuk (singulier de « inuit » en langue « Inuktitut »). De Mitiarjuk Nappaaluk à l’artiste pluridisciplinaire Tanya Tagaq en passant par Markoosie Patsauq sans oublier l’activiste Sheila Watt-Cloutier… plongez dans les fascinants récits de ces auteur(e)s du Grand Nord.

Markoosie Patsauq – Le harpon du chasseur

Incontournable de la littérature inuk, « Le Harpon du chasseur » de Markoosie Patsauq est paru en 1969. Il s’agit d’ailleurs du tout premier roman écrit par un Inuk au Canada, symbolisant le passage historique de l’oralité vers une littérature inuite écrite. Le livre a été traduit dans pas moins de 12 langues dont le français.

Décrit comme un roman complexe et noir, le lecteur est plongé dans l’univers violent et hostile de l’Arctique, dans lequel le héros de Markoosie Patsauq, confronté à la mort de ses proches, ne trouvera d’issue que par le suicide.

Devenu par la suite un fervent militant des droits pour son peuple, Markoosie Patsauq s’est éteint le 8 mars 2020 à l’âge de 78 ans, à son domicile d’Inukjuak, au Québec. Par ici pour en savoir plus sur Markoosie Patsaug.

Mitiarjuk Nappaaluk – Sanaaq

Voilà un autre incontournable de la littérature inuite du Canada. Artiste renommée, Mitriarjuk a reçu en 1999 le prix national d’excellence de la Fondation nationale des réalisations autochtones. En 2004, elle a été distinguée par l’Ordre du Canada.

Pour mieux comprendre l’importance de ce livre, il faut remonter le temps jusqu’en 1931, date à laquelle Mitriarjuk Nappaaluk voit le jour dans un igloo dans la région de Kangirsujuaq, au Nunavik, le nord du Québec.

Mitriarjuk n’est jamais allée à l’école et apprend, à 20 ans, l’écriture syllabique inventée par des missionnaires. Dans les années 1950, ce petit bout de femme écrit donc le premier roman inuk : « Sanaaq ». Publiée en 1983 dans une édition en syllabique, cette œuvre est restée jusqu’à aujourd’hui inconnue du grand public. Pour autant, avec un seul roman publié, Mitriarjuk est LA romancière du Nunavik.

« Sanaaq » nous plonge véritablement dans la culture et les coutumes inuites (chasse, pêche, cueillette, adoption, croyances…) à travers les yeux d’une Inuk. On y suit les heurs et malheurs de cette héroïne, avant et après l’arrivée des premiers Blancs en terre inuite.

Tanya Tagaq – Croc fendu

Certains connaissent forcément Tanya Tagaq en tant que talentueuse chanteuse canadienne. Née à Ikaluktutiak au Nunavut, Tanya fait partie de ces ovnis musicaux, pratiquant le chant guttural. Grâce à ce talent et son génie hors norme, Tanya Tagaq a collaboré avec plusieurs artistes, dont l’Islandaise Björk.

Côté disques, Tanya comptabilise à son actif pas moins de 4 albums dont les somptueux « Sinaa » (« bord » en inuktitut), « Animism » et « Retribution ».

Également peintre et photographe, l’artiste inuk a publié en France en mars 2020 son tout premier roman. Intitulé « Croc fendu », ce livre nous plonge au cœur du Nunavut, à la fin des années 1970. C’est ici, dans ce territoire isolé du nord du Canada, frappé par la rudesse de la nature et du froid, mais aussi par le mépris dans lequel sont tenus ses habitants – les Inuits – qu’une adolescente grandit. Elle connaît l’amitié, l’amour parental, l’art du camouflage et de la survie. Elle connaît aussi l’ennui et l’intimidation. Les ravages de l’alcool, les violences physiques et sexuelles. Elle connaît le pouvoir des esprits.

« Croc Fendu » relate l’histoire d’une fille qui devient femme, en s’appropriant son corps, sa culture, sa voix. Ce premier somptueux roman signé Tanya Tagaq mêle avec brio poésie et roman, plongées intimistes et descriptions hallucinées. La puissance des mots choisis nous bouleverse au plus profond. Voilà un premier livre que l’on vous recommande chaudement !

Sheila Watt-Cloutier – Le droit au froid

Sheila Watt-Cloutier est une figure et militante écologiste Inuk née à Kuujjuaq, dans le nord du Québec.

Avec « Le droit au froid », on en apprend plus sur l’engagement pour l’environnement de cette activiste mais aussi sur son enfance à Kuujjuaq – à une époque où la culture inuite traditionnelle du transport en traîneau à chiens et de la chasse sur glace était encore dominante – ou encore ses prises de paroles dans les instances internationales… « Le droit au froid » est le récit d’une femme inspirante, devenue un modèle de leadership pour le XXIe siècle.

« Il [existe] une autre façon de plaider pour la protection de notre planète: exiger de la communauté internationale la reconnaissance du bien-être environnemental comme un droit humain fondamental. Sans la jouissance d’un climat stable et sécuritaire, les peuples ne peuvent exercer leurs droits économiques, sociaux et culturels. Pour les Inuit, comme pour nous tous, c’est ce que j’appelle « le droit au froid » écrit-elle ainsi dans ce roman à lire absolument.

On rappelle que Sheila Watt-Cloutier a reçu en 2015 le Prix Nobel alternatif (Right Livelihood Award) pour son perpétuel travail de protection des Inuits de l’Arctique, et notamment leur droit à conserver ce qui constitue leurs moyens de subsistance et leur culture, gravement menacés par le changement climatique.

Aviaq Johnston

Aviaq Johnston est une jeune auteure Inuk d’Igloolik au Nunavut. C’est au printemps 2017 qu’elle publie son premier roman, intitulé « Those who run in the sky ».

En 2014, elle a remporté le premier prix du concours Arts et récits autochtones pour sa nouvelle « Tarnikuluk » qui lui a également valu un Prix d’histoire du gouverneur général.

C’est dans la littéraire pour jeunesse qu’elle s’illustre, avec notamment la publication de « Quel est mon superpouvoir? » qui raconte l’histoire de Nalvana. Cette dernière habite avec sa mère un petit village inuit. Elle porte une cape de superhéroïne et rêve de trouver quel est son superpouvoir. Chaque jour, elle découvre quels sont ceux de ses amis: Davidee peut courir plus vite qu’une motoneige, Maata peut voler, Joanasie peut sculpter n’importe quel animal dans la neige. Ces superpouvoirs-là, c’est Nalvana qui les découvre. Et si son superpouvoir à elle était justement celui de faire rayonner ce qu’il y a de merveilleux et d’unique chez les autres?