Les Boréales, le festival des cultures nordiques, est de retour à Caen et en Normandie, du 14 au 24 novembre 2019. Au programme ? Des expositions, des concerts, du théâtre, du cirque mais aussi de la littérature avec un week-end entier dédié à ne pas manquer du vendredi 15 au dimanche 17 novembre 2019.
Une fois encore, Les Boréales ont mis les petits plats dans les grands pour satisfaire les goûts littéraires de chacun(e). Des auteurs islandais (Gyrðir Elíasson, Dagur Hjartarson, Auður Ava Ólafsdóttir…), aux écrivains norvégiens (Erika Fatland, Gunnar Staalesen…) en passant par les auteurs français (Olivier Truc), découvrez nos coups de cœur littéraires des Boréales 2019.
‘Au bord de la Sandá’ de Gyrðir Elíasson / La Peuplade, 2019
Résumé : Un homme vit et peint dans ses caravanes tout près de la Sandá, une rivière glaciaire aux confins de l’Islande. L’été s’achève, les tableaux s’entassent dans l’atelier, les visites sont rares et les nuits, de plus en plus froides et tranquilles. Avec en tête la biographie de Chagall ou les lettres de Van Gogh, l’artiste arpente la forêt, s’oubliant dans le courant du temps passé, que viennent interrompre les apparitions irréelles de la femme à l’imperméable rouge. Une seule chose lui importe : peindre la vérité des arbres qui l’entourent. Dans une langue vêtue de paysages, sensible aux tensions secrètes du silence, ‘Au bord de la Sandá‘ suit l’itinéraire d’une réflexion qui choisit l’au-revoir, laissant derrière « des années de sable, dénudées et balayées par le vent, comme un désert desséché par un hiver sans pluie ».
Très beau récit contemplatif de cette belle nature du nord-est de l’Islande. On suit ce peintre solitaire dans ses sorties en forêt : une mystérieuse femme en imperméable rouge vient troubler son quotidien, de mystérieux bruits surviennent la nuit devant sa caravane, son passé ressurgit… Ses peintures l’apaisent et le consolent. On apprécie son écriture simple, mais d’une grande finesse.
Rencontre littéraire le samedi 16 novembre 2019 à 14h
Auditorium du Musée des Beaux-Arts de Caen
‘La Dernière Déclaration d’Amour’ de Dagur Hjartarson / La Peuplade, 2019
Résumé : Plutôt qu’écrire dans ce beau roman ce qu’aurait pu devenir sa vie, il ferait mieux d’assister à ses cours à l’université. Mais qu’advient-il justement de ce jeune homme rêveur et éperdument amoureux à l’aube d’une crise économique majeure quand, d’un côté, son meilleur ami Trausti l’embrigade dans sa grande mission révolutionnaire et, de l’autre, sa petite amie Kristín admire la chevelure ondulée du directeur de la banque centrale islandaise ? Pendant que les glaciers continuent de fondre – la situation à Reykjavík n’est pas meilleure qu’ailleurs –, l’étudiant au bonheur fugace se noie dans l’amour. Les ours polaires se perdent en ville et le néolibéralisme éloigne les amants.
La ‘Dernière Déclaration d’Amour’ est le premier roman de Dagur Hjartarson. On se laisse très rapidement porter par son écriture hautement poétique et pleine d’humour sur fond de réflexion socio-politique et écologique.
La ‘Dernière Déclaration d’Amour’ est une déclaration du jeune narrateur, au nom volontairement gommé, à sa petite amie Kristín. Que peut-il arriver de plus beau que de tomber amoureux dans les rues de Reykjavik ?
Il se laisse embarquer par son meilleur ami Trausti, un poil anarchique, dans la réalisation d’une statue en argile de l’ancien premier ministre Davíð Oddsson, devenu directeur de la Banque centrale islandaise. Suite à l’effondrement du système bancaire islandais fin 2008, la politique économique menée par le Parti de l’indépendance, basé sur la privatisation et un modèle pro-américain, est vue comme responsable de ce fiasco.
On découvre une année de crise dans la capitale, au rythme des saisons, à travers les yeux d’une jeunesse libre et désenchantée par la situation du pays.
Traduit de l’islandais par Jean-Christophe Salaün.
Rencontres littéraires le samedi 16 novembre 2019 à 14h
Auditorium du Musée des Beaux-Arts de Caen
‘Le Cartographe des Indes boréales’ de Olivier Truc / éditions Métailié, 2019
Résumé : Stockholm, 10 août 1628. L’imposant vaisseau Vasa fait lentement route vers l’entrée du port et se met à gîter avant de couler. Pendant que le vaisseau s’enfonce dans les eaux, Izko est témoin d’une scène étrange : un homme est assassiné, une femme en fuite met un enfant au monde.
Izko est un jeune basque de 13 ans qui rêve de devenir chasseur de baleines comme son père. Mais un autre destin l’attend… Il se retrouve à Lisbonne pour apprendre la cartographie. C’est le point de départ d’une grande aventure qui va le mener jusqu’en Laponie en passant par Saint-Jean de Luz, Amsterdam, Stockholm ou encore le Svalbard.
Victime d’un odieux chantage, il sera au service de Dieu et du roi. Il part explorer les Indes Boréales où les Suédois espèrent trouver des mines d’argent pour financer leurs guerres tandis que des prêtres fanatiques convertissent les Lapons par la force.
Un extraordinaire roman d’aventure sur fond d’inquisition et de guerre de religion.
Un voyage dans le temps où l’on découvre la sombre histoire de la colonisation suédoise de la Laponie au 17ème siècle. Ils pillent les ressources naturelles et mettent de force les Samis à contribution pour les travaux des mines. Ils sont évangélisés et donc forcés à renoncer à leurs traditions, leurs croyances, leurs terres et leurs légendes.
Un roman dense et remarquablement documenté sur un thème très peu traité qu’est celui du grand nord suédois du 17ème siècle. Olivier Truc est un fin connaisseur de la Laponie et du peuple Sami dont il nous décrit les coutumes et nous fait partager le quotidien. Il nous conte ici avec brio les conflits complexes entre la France et la Suède, les catholiques et les protestants, les luthériens et les calvinistes. Les descriptions parfois dures – lors des scènes de tortures – rendent la lecture effroyable et saisissante.
Rencontre littéraire le samedi 16 novembre 2019 à 17h
Auditorium du Musée des Beaux-Arts de Caen
‘La Frontière. Un voyage autour de la Russie de la Corée du Nord à la Norvège’ de Erika Fatland / Gaïa, 2019
Résumé : L’anthropologue et écrivaine Erika Fatland nous raconte la Russie à travers les 20 000 Km de frontières terrestres qu’elle possède. Elle sillonne les 14 pays frontaliers (sans compter quelques territoires séparatistes) grâce à des lignes intérieures de train, des bus, des taxis, des cargos, des kayaks et bien évidemment ses pieds. Un pays après l’autre, du point le plus au sud-est de la Russie à son point le plus au nord-ouest en Norvège, elle nous parle de la Russie sans jamais y poser le pied mais en choisissant de la regarder à travers les yeux de ses voisins.
Le livre ouvre sur la dernière étape de son voyage qui consiste à relier Anadyr, au bout du continent eurasien, à Mourmansk (5650 miles nautiques) en traversant le passage du Nord-Est pendant 4 semaines à bord d’un ancien navire de recherche soviétique.
Une lecture passionnante et très instructive sur l’Histoire mouvementée de la Russie avec ses pays frontaliers. Pour mener à bien son étude, l’auteure part à la rencontre de Nord-Coréens, Chinois, Mongols, Kazakhs, Azerbaïdjanais, Ukrainiens, Biélorusses, Lituaniens, Polonais, Lettons, Estoniens, Finlandais et Norvégiens. Erika Fatland leur pose toujours la même question: « Comment est-ce de vivre aussi près de la Russie ?« . Elle mêle aussi avec brio passé historique et présent à travers son récit de voyage. Des épisodes peu enseignés dans nos programmes scolaires comme la guerre russo-japonaise ou la guerre d’hiver.
Parmi les belles rencontres, il y a celle avec les éleveurs de rennes dans la taïga parée de ses couleurs automnales. Un moment magique autour d’une tasse de thé salé mongol dans un laavus. Ou encore le concert privé de Dashdorj Tserendavaa, chanteur diphonique très connu en Mongolie, accompagné de son violon à tête de cheval ! On se souvient aussi de ce moment cocasse au Kazakhstan, et de cette visite ratée du cosmodrome de Baikonour…
On a également beaucoup aimé les 80 photos prises au cours de son voyage et les quelques cartes qui permettent de mieux comprendre la complexité de cette zone du monde.
Rencontre littéraire le dimanche 17 novembre 2019 à 14h
Auditorium du Musée des Beaux-Arts de Caen
‘Piège à loup’ de Gunnar Staalesen / Gaïa, 2019
Résumé : Rien ne va plus ! Tôt un matin, Varg Veum est arrêté et placé en détention. Totalement déboussolé, il apprend que des traces d’un réseau pédopornographique ont été découvertes sur son ordinateur. Varg Veum comprend alors que quelqu’un a délibérément trafiqué son matériel. Le détective privé doit alors mener l’enquête pour découvrir qui se cache derrière cette mise en scène et pourquoi. Mais répondre à toutes ces questions en prison n’est pas une mince affaire… Varg Veum tente alors le tout pour le tout en trouvant le moyen de sortir de sa cellule et décide de remonter le fil de ces trois dernières années pour passer en revue ces dernières enquêtes.
Pour la première fois, le détective privé Varg Veum se retrouve au cœur de l’enquête qu’il doit mener. Considéré comme coupable, il va tenter de résoudre cette affaire très personnelle, sûrement la plus difficile de sa carrière. Pour y arriver, Varg Veum va alors trouver le moyen de s’échapper de sa cellule, et va partir à la rencontre des principaux protagonistes mêlés aux récentes enquêtes dont il a eu affaire ces trois dernières années. Des enquêtes qui, bien évidemment, vont se retrouver être liées les unes aux autres avec, dans les toutes dernières pages, un dénouement explosif… Avec ce 17ème épisode de sa série menée par Varg Veum, Gunnar Staalesen réussit une fois encore à nous tenir en haleine jusqu’à la fin avec de multiples rebondissements dans cette sombre affaire de pédopornographie. On y découvre également un Varg Veum moins imbibé et totalement dépassé par les événements. Le roi du polar norvégien signe avec ‘Piège à Loup’ un nouveau roman haletant et passionnant.
Rencontre littéraire le vendredi 15 novembre 2019 à 21h
Bibliothèque Alexis de Tocqueville
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