Aujourd’hui, c’est Milko Lazarov qui se prête au jeu de l’interview du froid pour Objectif Grand Froid.
Milko Lazarov est le réalisateur du magnifique film Ága (au cinéma le 21 novembre 2018). Pour son second long-métrage, Milko Lazarov a choisi de raconter l’histoire émouvante d’un couple d’Inuits du Grand Nord de la Sibérie. Isolés dans les steppes enneigées de la Iakoutie, Nanouk et Sedna vivent au jour le jour entre chasse et pêche. Un quotidien rendu encore plus difficile depuis le départ de leur fille…
Milko Lazarov, un réalisateur qui n’a pas froid aux yeux !
Pourquoi avoir choisi de situer cette histoire au cœur de la Iakoutie, au Nord de la Sibérie, plutôt qu’au Nord du Canada ou au Groenland ?
Il y a beaucoup de raisons et notamment des raisons économiques liées à la production. Il faut savoir qu’au Canada et au Groenland, c’est extrêmement cher et c’était donc mission impossible pour nous. Mais le plus important, c’est qu’en Russie, tout est possible. Par exemple, lorsque j’ai une idée vraiment improbable et que j’ai besoin d’un zèbre, d’un hippopotame et d’un avion pour tourner la fameuse scène de la tempête dans Ága, il y a toujours quelqu’un pour me trouver cela!
Il faut savoir qu’en Iakoutie, tout le monde fait des films.
Un mot sur Sedna, une actrice non professionnelle. Comment l’avez-vous rencontrée?
Lors d’un déplacement en Iakoutie, pour des repérages, je l’ai vue dans un film amateur tourné par l’un de ses voisins. Il faut savoir qu’en Iakoutie, tout le monde fait des films. Par exemple, mon deuxième assistant sur le tournage avait déjà 8 fictions longs-métrages et 7 documentaires longs-métrages à son actif. Le prêtre, qui a fait la prière avant le début du tournage, m’a apporté après le tournage deux de ses films. Oui vraiment, tout le monde fait des films sans moyens particuliers avec des amis et c’est dans un film qui s’appelait « The Bonfire » que j’ai ainsi repéré Feodosia Ivanova.
En voyant votre film, on ne peut s’empêcher de penser au film Nanouk L’Esquimau, sorti en 1922. Ága est-il un hommage au film de Robert J. Flaherty?
Nous pouvons bien évidemment voir des liens et des similitudes entre Ága et Nanouk L’Esquimau mais ce serait trop pour moi de l’affirmer. Je préfère laisser le spectateur en juger. Mais 100 ans plus tard après le tournage du film de Flaherty, j’aurais bien aimé voir Nanouk continuer à vivre et j’aimerai bien le revoir à l’écran également dans 100 ans.
Dans Ága, on découvre deux très beaux contes ; l’un au sujet d’un renne magique et le second à propos d’un ours. D’où viennent ces légendes ?
La légende avec le renne vient d’une histoire similaire que le comédien principal Mikhail Aprosimov m’a raconté. L’autre est, selon mes souvenirs, inspiré d’un conte indien qui parlait d’un serpent énorme. Cette légende a été trouvée par l’une de mes collaboratrices qui s’occupait de l’écriture du scénario.
La scène finale aurait pu être encore plus impressionnante car on avait tourné au départ ce plan en 35 mm depuis un hélicoptère.
Un mot sur l’impressionnante et hallucinante mine de dimant de Mirny ?
Quand je faisais mes recherches sur la Iakoutie, c’était une des choses qui m’a le plus impressionné. C’est d’ailleurs probablement pour cette raison que j’ai choisi cet endroit précis de la Iakoutie. La scène finale aurait pu être encore plus impressionnante car on avait tourné au départ ce plan en 35 mm depuis un hélicoptère. Mais ce jour-là il y avait du brouillard. Nous n’avons malheureusement pas pu finir le tournage de ce plan. Des mois plus tard, nous avons eu l’autorisation pour aller à nouveau tourner ce plan. C’est mon chef opérateur accompagné de son assistant qui sont retournés sur place et qui ont tourné la mine cette fois-ci avec un drone. Je dois avouer que c’est beaucoup moins impressionnant pour moi.
Aujourd’hui, après ce tournage en Iakoutie, que retenez-vous de cette région de la Sibérie ?
En fait, mes souvenirs sont surtout liés à la peur : est-ce que je vais arriver à faire le film? Au final, je ne remarquais même pas les choses du quotidien. Je me souviens surtout du sentiment de peur que j’avais le soir lorsque je me couchais tard, fatigué. J’avais peur de rater le film.
Mes parents m’ont un jour parlé du Norvégien Roald Amundsen qui est un grand explorateur du Nord connu notamment pour avoir survolé le pôle Nord en ballon dirigeable.
J’ai lu que vous aimiez beaucoup les récits polaires ? Qu’est ce qui vous fascine tant chez ces explorateurs ?
Quand j’étais petit, tous mes amis étaient passionnés par les histoires d’explorateurs. On lisait tous ces récits, notamment les romans de Jack London. Et mes parents m’ont un jour parlé du Norvégien Roald Amundsen qui est un grand explorateur du Nord connu notamment pour avoir survolé le pôle Nord en ballon dirigeable. Les romans polaires sont extrêmement passionnants parce qu’ils décrivent la découverte des Pôles. Mais tout ceci est lié au désir des petits garçons de devenir grand et de faire eux-mêmes des explorations par la suite. Le désir de faire face à la nature, de découvrir quelque chose, de devenir un héros, de devenir un explorateur du monde.
Ága – Sortie le 21 novembre 2018
Réalisateur : Milko Lazarov
Avec : Mikhail Aprosimov, Feodosia Ivanova, Galina Tikhonova
Distributeur : Arizona Distribution
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.