Samedi 22 septembre 2018, la fondation GoodPlanet, nichée dans le verdoyant Bois de Boulogne à Paris, proposait une projection gratuite du film de l’explorateur polaire Sebastian Copeland sorti en 2011 : « Into The Cold : A journey of the Soul ».

Into the cold_Sebastian Copeland

Retour sur le film-témoignage d’un explorateur polaire

Pendant 1h30, l’explorateur et photographe qui parcourt les zones polaires depuis 20 ans nous fait vivre son incroyable expédition au Pôle Nord, entamée en février 2009. 778 km parcourus à pied pendant 35 jours : Sebastian Copeland nous livre, étape par étape, les difficultés de cet incroyable périple aux côtés de son acolyte Keith Heger.

Réalisé tel un journal personnel, ce documentaire illustré s’ouvre sur la longue préparation physique et mentale effectuée en plein hiver dans le froid du Minnesota en amont de l’expédition. Avec son équipe, l’explorateur tente de reproduire au plus près les conditions qui l’attendent au Pôle Nord. Puis débute le voyage pour atteindre le Nord du Canada, point de départ de l’aventure. Le Jour J, les deux compères sont déposés en avion au beau milieu du Grand Nord : de là, ils ne pourront compter que sur eux-mêmes.

Armé d’un Canon 5D, Sebastian Copeland filme le périple et dévoile des paysages à couper le souffle. On y découvre un Pôle Nord semé d’embûches, avec de multiples monticules de glace que les deux aventuriers ont parfois du mal à traverser (ils tirent derrière eux une pulka, dont le poids peut parfois atteindre les 200 kilos), des failles dans la banquise qui les obligent à sauter sur leur pulka flottante pour traverser l’eau non gelée, et des glaces, parfois trop fines, qui se rompent sous les corps trop lourds…

Le froid, qui atteint parfois les -55°, se lit sur les visages et sur les doigts ; les engelures sont fréquentes. Mais malgré les difficultés, il faut continuer d’avancer pour atteindre le but ultime : le Pôle Nord, le point le plus septentrional de la planète. Armé de leur GPS, Sebastian rend hommage à l’équipe de l’explorateur américain Robert Peary qui, accompagné de Matthew Henson et quatre hommes Inuit – Ootah, Egigingwah, Seegloo et Ooqueah – ont réussi à rejoindre le Pôle Nord en 1909 !

100 ans plus tard, et au bout de 35 jours, Sebastian et Keith touchent finalement au but. A bout de forces, mais satisfaits de leur expédition qui nous alerte une fois de plus sur le réchauffement climatique et ses dramatiques conséquences. Sebastian Copeland confie d’ailleurs qu’il n’y aura pas de bicentenaire célébrant l’exploit de l’amiral Robert Peary. En 2109, plus personne ne sera en mesure d’atteindre le Pôle Nord en raison de la fonte des glaces. Un discours pessimiste et effrayant mais terriblement réaliste au vu de ce qu’il se passe aujourd’hui.

sebastian copeland - explorateur polaire en mission

Zones polaires et réchauffement climatique : le cri d’alarme de Sebastian Copeland

A l’issue de la projection, Sebastian Copeland s’est volontiers prêté au jeu des questions réponses des spectateurs et son constat est alarmant : « A l’horizon 2030-2035, la mer gelée de l’Arctique sera inexistante pendant l’été ». Ce phénomène pourrait d’ailleurs se produire à l’été 2019 en raison d’une année « El Niño » annoncée par plusieurs chercheurs climatiques. « La glace de l’Arctique n’existera plus et nous ne pouvons malheureusement pas renverser le cycle enclenché » poursuit-il. Pour preuve, la station polaire Russe Barneo, située au Pôle Nord, doit désormais lever le camp dès le mois d’avril ; il y a encore quelques années, les scientifiques ne quittaient les lieux qu’en juin, au début de l’été.

Copeland - explorateur polaire photographeComme l’explique également Sebastian Copeland, le réchauffement climatique a de terribles conséquences sur la vie des Inuits. « Aujourd’hui, les Inuits doivent beaucoup plus fréquemment utiliser un bateau pour circuler et aller pêcher mais pour faire fonctionner le bateau, il faut de l’essence, et pour avoir de l’essence, il faut de l’argent et un emploi ». Une chose très compliquée dans ces régions polaires très isolées.

Malgré la difficulté vécue en 2009 (le Pôle Nord a été l’une de ses expéditions les plus difficiles) et les risques importants d’une telle aventure aujourd’hui, Sebastian Copeland prévoit de retourner au Pôle Nord en 2020 : « Mais je suis assez pessimiste, avoue-t-il, j’estime avoir 80% de chance de ne pas réussir ». En plus de la fragilité de la glace, beaucoup d’avions refusent aujourd’hui de faire le trajet en raison du danger. « La dernière expédition réussie au Pôle Nord remonte à 2014 ».

Citant Yann Arthus Bertrand comme exemple à suivre, Sebastian Copeland souhaite poursuivre son action en dénonçant à travers des photos le réchauffement climatique et ses conséquences. C’est d’ailleurs ce qu’il fait à travers sa magnifique installation, « De Pôle en Pôle : Un monde qui disparaît » à voir jusqu’au 13 janvier 2019 sur les grilles du jardin du Luxembourg à Paris.